Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/107

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— Il en a une couche !

Pourtant, cette prise qu’ils n’escomptaient point les embarrassait un peu, car ils n’étaient venus, loin de leur brigade, s’aposter en cet endroit que pour en pincer un autre, le surnommé Souris, qui leur avait été dénoncé comme devant passer par là avec une grosse charge de poudre.

— Comment ça se fait que vous êtes ici ? interrogea Kinkin.

— Si on vous le demande, vous direz que vous n’en saviez rien, riposta le plus âgé.

— C’était pour vous coffrer, vous voyez, ajouta bienveillamment le deuxième préposé, mis en joie.

— Cause toujours, mon petit, pensait Kinkin.

Et il ajouta :

— C’est pas la première et c’est pas la dernière fois. Après tout, le gouvernement me nourrira et il n’aura pas grand bénéfice.

— Comment vous appelez-vous ? fit le plus vieux des douaniers.

— Je vous répondrais bien comme vous tout à l’heure, répliqua Kinkin, mais pris pour pris, autant vous le dire tout de suite puisque vous y tenez : je m’appelle Gagé.

— Et où que vous restez ?

— Ça, messieurs, j’peux pas vous le dire.

— Comment, vous ne pouvez pas ?

— Non, messieurs, tantôt ici, tantôt là ; je f…