Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/228

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la forêt, où ils pénétrèrent à la queue leu leu avec leurs tridents et leurs fusils.

— Je lui tire dessus s’il dit le moindre mot, affirmait l’un.

— Et moi, je l’embroche avec ma fourche, déclarait un autre.

En entendant des menaces aussi précises, Mimile sentit son inquiétude grandir terriblement.

— Quel épouvantable crime avait donc commis Le Rouge pour attirer sur lui la colère et les malédictions de tout un pays ?

Si sa camarade au moins avait parlé ! Mais non, il ne possédait pas la moindre précision. Comme lui, il était entré avec la Tavie dans le buisson et comme lui on le qualifiait de satyre. Si jamais on venait à apprendre qu’il était dans le même cas que Le Rouge !… Allait-on le traiter de même ? Pourvu que le père Louchon ne s’avisât point de raconter ce qu’il savait ! Et la Tavie qui le menaçait s’il disait un mot, de tout révéler. Grands dieux ! Cela pouvait être grave, extrêmement grave !

— C’est un satyre, qu’ils ont dit, et moi aussi j’en suis un, puisque le père Louchon me l’a répété hier au soir. Pourvu qu’on n’en sache rien !

Les satyres sont des gens qu’on poursuit avec des fusils pour les tuer, des triques pour les assommer, des fourches pour les embrocher parce