Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/263

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dans la mêlée qui les joignait, des coups de poings et des coups de pieds lancés au petit bonheur, la fille, placée comme tampon au milieu, prenait sa large part.

Suffoquée, abasourdie, elle s’abattit bientôt dans un coin cependant que sa mère, vaincue, échevelée, hurlante, gagnait la porte et filait cacher sa défaite momentanée dans quelque coin obscur de la grange ou de l’écurie.

Revenue un peu à elle, Joséphine, prise de coliques s’enfuit dans sa chambre où elle se barricada comme elle put, rien moins que rassurée.

Maître des lieux, le Carcan dont la rage et la soif n’étaient pas calmées, cassa encore une chaise et quelques assiettes pour bien se prouver qu’il était le maître et que nul dans la maison n’avait le droit de lui en remontrer, puis, n’ayant plus personne sur qui cogner et gueulant comme Jérémie devant des ruines, décida d’aller à l’auberge où il pourrait au moins se dégonfler un peu d’une part, et calmer sa soif, d’autre part.

Quand, au bout d’une heure, rassurée par le silence, la mère de Joséphine sortit de sa cachette et rentra dans l’appartement saccagé, elle commença par se lamenter de toute sa gorge, puis elle appela sa fille pour qu’elle l’aidât un peu à remettre en état ce qui n’avait pas été irrémédiablement détérioré dans la bagarre. Mais l’autre couchée sur son lit, gémissante et douloureuse, ne