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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/30

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fermé la porte à double tour pour le faire poser, histoire de lui apprendre à respecter les usages et les conventions, elle était allée la rouvrir et passait du poêle à la cuisine et de la cuisine au poêle avec l’affairement inquiet d’un fauve qui n’a pas encore mangé.

Elle mouchait la chandelle qui clairait sur le bord de l’évier quand la porte s’ouvrit.

Ses petits cheveux filasse, frisottants, hérissés autour du front lui donnaient un aspect farouche de méduse domestique tel qu’il fit reculer Théodule et Julot, venant, à la fin de la veillée, prendre des nouvelles de leur ami le Mousse.

Ils écopèrent pour le patron et, bien qu’ils fussent de sang-froid, elle les qualifia de soulauds, d’ivrognes, de sacs à vin, de « gouillands » et autres compliments du même genre, comme s’ils eussent été responsables de la fugue prolongée de leur ami.

Ils la laissèrent dire, puis, ayant appris que le maître n’était pas là, se retirèrent en se prouvant mutuellement que le Mousse avait de très bons et justes motifs pour déserter un intérieur où il n’avait pour société, en dehors de sa bonne bête de chien, qu’une brute sans égards et sans raisonnement.

Le lendemain, il n’y avait toujours pas de Mousse.

La Moussotte ne se connaissait plus ; elle en