Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tation restait vierge de tout soupçon et nette de toute souillure.

Or, depuis quelque temps, le curé de Melotte devenait inquiet, il s’attristait, s’aigrissait, se montait et se mettait dans de saintes colères.

Sans doute les gamins qu’il évangélisait n’usaient pas toujours entre eux et avec leurs camarades des villages voisins d’une politesse et d’une mansuétude qui rappelaient la vieille galanterie française et la charité chrétienne, ils s’engueulaient et se rossaient avec conviction et fréquemment ; les hommes plus que de raison s’attardaient chez l’ami Castor ; les femmes bavardaient peut-être plus longtemps encore que jadis ; mais que tout cela était peu de chose !

Ce qui tourmentait et désolait et retournait le curé de Melotte, c’était le dévergondage des filles et des garçons du pays.

Depuis longtemps déjà il soupçonnait la chose, car de l’apprendre en confession il n’y fallait guère compter ; à partir de quinze ou seize ans tous s’émancipaient et se dispensaient de cette corvée ennuyeuse : des galopins qu’il avait baptisés et calottés jadis, des gamines qu’il avait vues en nattes et en jupes courtes ! Hélas ! c’était bien le cas de le dire, il n’y avait plus d’enfants !

On lui avait fait des rapports, et lui-même avait vu, vu souvent, vu, oui, de ses propres yeux.

Oh ! évidemment non ! N’allez pas croire des