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Je recommande à mon fils, s’il avoit le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve ; qu’il ne peut faire le bonheur des peuples qu’en regnant suivant les loix, mais en même tems qu’un roi ne peut les faire respecter et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire ; et qu’autrement, lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.

Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étoient attachées autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés ; de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfans ou les parens de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étoient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devoient, et qui ont même montré de l’ingratitude ; mais je leur pardonne (souvent dans les momens de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.

Je voudrois pouvoir témoigner ici ma recon-