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Fusains.

paradis, mes vers sont comme les rochers de sel après le coucher du soleil.

– As-tu pleuré sur le papier que ta plume noircit ?

– Non ; mon amie est une source fraîche.

– Penche-toi sur la source, bois à longs traits et ne pense plus. – Les vers ne sont que les ailes des désirs, que les suaires des regrets.

– Adieu, bel ange aux pieds couleur d’aurore, ma maîtresse est un citronnier sur lequel, près des fruits mûrs, des fleurs s’entrouvrent parfumées.

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J’ai baigné mes yeux dans la source fraîche, et je vois, maintenant, plus loin que le faucon. J’ai mis dans mon cœur un bouton rose, un bouton du citronnier, et mon cœur, maintenant, comme un feu d’aloès, éclaire ma pensée. – Ah ! ah ! ou ! Ah ! ah ! ou ! Faites, fils du Prophète, sonner vos étriers.

Je veux que, devant moi, les peuples s’agenouillent du couchant à l’aurore, et quand, seul debout, je sentirai la terre trembler sous mon talon, j’irai m’agenouiller devant celle que j’aime, et sur mon cou je mettrai son pied. – Ah ! ah ! ou ! Ah ! ah ! ou ! Secouez, fils du vent, vos crins argentés.