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par la sélection. Il voyait les derniers taillis de la belle forêt de Claix, où chassaient les Dauphins, dévorer à leur profit toute la substance d’un sol généreux. Il contemplait, avec une suprême tristesse, cette terre fertile, et ne demandant qu’à rendre en produits ce qu’on lui a donné en soins, laisser pauvre et affamé de tout son possesseur.

Il y avait des champs de blé, puis des broussailles, restes de la grande forêt immolée ; des broussailles, puis des champs de blé, et c’était dans presque tout le pays comme cela.

Et il se disait :

— Comment m’y prendre pour leur faire toucher du doigt leur erreur ?

Un jour, il se frappa le front, l’idée en jaillit :

— Par l’exemple, je les convaincrai.

Il acheta, pour une faible somme d’argent, une large surface de sol où toutes les essences de bois, sans cesse coupés pour les menus besoins du ménage, repoussaient sans cesse avec une vigueur toujours nouvelle. Il fit défricher ce sol, affouiller la terre, puis l’engrais répandu à profusion, il planta, à espaces réguliers, une pépinière d’arbres dont l’espèce était encore inconnue dans le pays. Cet arbre était le mûrier, si justement appelé depuis l'arbre d’or. Puis, son terrain étant enclos d’une haie des mêmes arbres, mais ceux-ci destinés à végéter à l’état de buisson, il parut oublier son œuvre et ne plus se soucier du résultat.

Seulement, il poussa avec plus d’activité que jamais les travaux de restauration du vieux château. Toutefois, entre-temps, une autre idée s’était emparée de son esprit. Il avait dirigé, dans le sens de ses projets