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V.

Le manufacturier, qui n’avait que deux fils déjà arrivés à l’âge d’homme, avait beaucoup compté sur l’agrément que la venue de cette jeune personne de bonne naissance et d’excellente éducation, supposait-il, apporterait dans son intérieur. Il fut bien un peu déçu quand il vit la petite demoiselle si fantasque, si entichée de sa race, et il ne se méprit pas sur la pensée qui l’avait portée à lui demander un appartement dans le château ; mais il compta que la fréquentation de personnes sensées, et surtout les réflexions qu’elle ne pouvait manquer de faire, car elle était très-intelligente bien que peu instruite, sur l’isolement et aussi la pauvreté dans lesquels la mort de son père l’avait laissée, la ramèneraient à des idées plus pratiques, et il ne la contraria pas.

Comme c’était au printemps, que les parterres resplendissaient de fleurs aux mille couleurs, que les journées étaient belles, les nuits courtes, Mademoiselle Yolande se trouva d’abord fort bien de son séjour à la Sône. Lorsque la petite Catherine, la suivante qui tenait son appartement et lui apportait ses repas, voulait lui dire quelques-uns des contes sur les esprits et les fées, qui, selon le plus grand nombre à la Sône, peuplaient le grand château, Mademoiselle