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Et même, à en juger par l’importance qu’il paraissait avoir, par le mouvement qu’il se donnait au milieu de ce salon inondé de lumières, c’était lui l’amphitryon. C’était même…… Un trait de lumière illumina soudain l’esprit de Mademoiselle Yolande. Oui, ce beau jeune homme qui l’intéressait tant, et près duquel s’était arrêté si longtemps le marquis Jacques, c’était le fils de celui-ci ; c’était l’un de ces enfants dont il avait parlé, et que madame la Dauphine avait accueillis si gracieusement. Oh ! mais…… quels horizons nouveaux s’ouvraient devant la pensée de la jeune demoiselle……

De quel air singulier le marquis Jacques regardait son fils ! ne lui parlant pas, mais d’une main caressant sa riche chevelure, de l’autre rajustant les plis de son ample cravate de mousseline brodée. Quelle sollicitude singulière, et que Mademoiselle Yolande eût été heureuse si son ouïe eût joui du même privilège que sa vue !

Malheureusement, elle ne pouvait que voir, et ni les sons des instruments, ni le timbre des voix, ni le murmure des conversations, pas un chuchotement, pas un accord, rien de tout cela n’arrivait à son oreille.

Les musiciens continuaient leur concert, qui ne parvenait pas à charmer cette société distraite ; les belles dames se faisaient toujours des confidences sous l’éventail ; les joueurs d’échec continuaient à être absorbés par les péripéties émouvantes d’un mat compliqué, le beau jeune homme rêveur persistait à rester insensible aux feux des regards féminins dirigés sur lui ; le marquis Jacques n’avait pas fini de s’intéresser à chacun des personnages dont il était l’hôte ; adossés à