Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/120

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lorsqu’ils ne doutaient pas que Dieu les eût écrites. Mais nous savons maintenant comment se confectionnent nos lois. Nous savons bien qu’elles sont enfantées par la cupidité, par la fourberie, par la lutte des partis, qu’il n’y a pas et qu’il ne peut y avoir de justice véritable. C’est pourquoi les hommes de notre époque ne peuvent pas croire que la soumission aux lois sociales et politiques satisfasse aux exigences de la raison et de la nature humaines. Les hommes savent depuis longtemps déjà qu’il est déraisonnable de se soumettre à une loi dont la vérité est douteuse, et, par suite, ils ne peuvent pas ne pas souffrir en se soumettant à une loi dont ils ne reconnaissent pas la sagesse et le caractère obligatoire.

Nous reconnaissons l’inutilité des douanes et des droits d’entrée, mais nous sommes obligés de les payer. Nous reconnaissons comme nuisibles les enseignements de l’Église et nous devons participer au maintien de ses institutions. Nous reconnaissons comme cruelles et injustes les condamnations prononcées par les tribunaux et nous sommes forcés de participer à cette justice. Nous ne reconnaissons pas la nécessité de l’armée et de la guerre, et nous devons supporter de terribles charges pour l’entretien des troupes et les frais de la guerre.

Mais cette contradiction est encore peu de chose comparée à celle qui se dresse devant les hommes dans leurs relations internationales et qui, sous la menace de la perte de la raison et de la vie humaine, exige une solution.

Nous qui aimons le penseur, le poète, nous qui