qu’un signe conventionnel qui donne le droit ou plutôt le moyen de profiter du travail d’autrui. La domination des uns sur les autres ne provient pas de l’argent ; elle résulte simplement de ce que l’ouvrier ne reçoit pas tout le prix de son travail.
Pour quelle raison les uns sont-ils privés de la terre et des instruments de travail et les autres les possèdent-ils, ou pour quelle raison exproprie-t-on de la terre et des instruments de travail ceux qui cultivent la terre et travaillent avec ces instruments ?
L’homme qui considère le travail comme le but, la joie de sa vie, ne cherchera pas l’allégement de son travail dans le travail des autres. L’homme qui fait consister sa vie dans le travail se proposera pour but, à mesure qu’il acquerra plus de savoir-faire, plus d’adresse, plus d’endurance^ un travail de plus en plus considérable qui remplira de plus en plus sa vie. Il ne cherchera pas à acquérir des chose inutiles qu’on nomme propriété.
La propriété signifie ce qui a été donné, ce qui appartient à moi exclusivement, ce dont je peux toujours faire tout ce que je veux, ce que personne ne peut jamais m’ôter, ce qui reste toujours mien jusqu’à la fin de ma vie, et ce que je dois spécialement employer, accroître, améliorer. Or, cette propriété, pour chaque homme, c’est lui-même et lui seul. Quiconque se mettra à travailler pour accomplir la loi de la vie, c’est-à-dire travaillera pour satisfaire à la loi du travail, se verra délivré de cette superstition néfaste, la propriété imaginaire. Le travail manuel par lui-même est un agent moral capable de purifier l’âme