Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/136

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la vie économique, et dans la vie politique, et dans la vie internationale. Les hommes cherchent à cacher la nécessité chaque jour plus évidente d’un changement dans l’ordre de choses actuel, mais la vie, qui continue à se développer et à se compliquer sans changer sa direction, augmente les contradictions et les souffrances des hommes et les amène à cette limite extrême qui ne peut être dépassée. Au lieu de regarder comme naturel que toute notre existence soit basée sur l’idée de coercition, que chacun de nos amusements nous soit fourni et nous soit garanti par la force ; que chacun de nous soit dès le bas âge jusqu’à la vieillesse, tour à tour victime et bourreau, il faut inspirer à tous que la violence est non seulement l’action la plus avilissante, mais celle qui nous prive de la faculté d’être heureux ; que les vraies joies de la vie sont celles qui n’ont pas besoin d’être garanties par la force ; que la plus grande considération appartient non pas à celui qui accumule des richesses pour lui-même au détriment des autres et a le plus de serviteurs, mais à celui qui sert le plus les autres et qui donne le plus aux autres. Au lieu de ces haines nationales qu’on nous inspire sous le titre de « patriotisme », au lieu de cette gloire attachée au meurtre qu’on nomme la guerre, il faut que l’on enseigne à tous l’horreur et le mépris de ces choses néfastes qui servent à diviser les hommes.

Quand on pense au sort de l’humanité, n’est-on pas saisi d’épouvante à l’idée des souffrances et des maux infligés aux hommes par les codes criminels, fléau pour ceux qui condamnent comme pour ceux qui sont condamnés ? Il n’y a pas un seul homme de cœur qui