mêmes. Il ne dit pas que le mariage est un mal : il proclame que le mariage actuel, fondé sur l’hypocrisie, est un malheur pour le genre humain. Le mariage, tel qu’il existe aujourd’hui, n’est qu’une lutte, une forme de violence et d’hypocrisie, puisqu’il ne repose guère sur le sentiment sublime de l’affection et de l’amour, mais sur l’intérêt, les artifices.
Tolstoï ne nie pas l’amour, il ne dit pas que le mariage n’admet pas l’amour exclusif pour une seule femme ; au contraire, pour lui, l’union n’est sainte que quand cet amour est l’un de ses éléments. L’amour réel et exclusif pour une femme n’est possible que lorsque l’amour général pour l’humanité est maintenu et reste intact. L’amour exclusif pour une femme est excellent en lui-même, mais s’il ne repose pas sur les grandes bases de l’affection, ce n’est que le désir animal, qui se transforme souvent en haine.
Les peuples deviennent malades dès qu’ils s’écartent des vraies lois de la nature, cet écart les mène à la ruine de l’amour, à la stérilité, à la destruction de la famille. Si la Sonate à Kreutzer nous présente la vie conjugale comme un enfer pouvant supporter la comparaison avec les cercles les plus tragiques de l’épopée dantesque, ce n’est pas la vie conjugale en général, mais telle qu’elle existe aujourd’hui basée sur le mensonge. Tolstoï ne détruit pas la famille, il apporte de nouvelles conceptions familiales. Ce n’est pas à l’abolition de la famille, c’est à sa moralisation, ce n’est pas à la suppression, mais à la rénovation du genre humain que Tolstoï aboutit dans son livre : Sonate à Kreutzer Pour lui, le travail social