de la nature (Gœthe), ou par artifice de l'éducation, sont capables de manier tour à tour l'image et le concept, le savant psychologue constate l'antagonisme entre l'image et l’idée, entre les hommes d’imagination et les hommes d’abstraction. « On ne peut être simultanément un abstracteur et un imaginatif, parce qu’on ne peut simultanément penser par totalité et par fragment, par groupe et par fraction et que ces deux habitudes mentales, sans s’exclure absolument, se contrecarrent ; chez les abstracteurs (théoriciens, savants) la tendance est toujours vers l'unité, les lois, les généralités, vers la simplification. Au contraire, les types d’imagination, les artistes rêvent toujours une œuvre organique, vivante, donc complexe. Les uns avec des mots, d’autres avec des formes, d’autres avec des sons ; les réalistes à l’aide de détails minutieux ; les classiques à l’aide d’esquisses générales, tendent au même bût. La musique aussi qui, par sa nature, semble à part, n’est-elle pas une architecture de sons d’une étonnante complexité, suscitant parfois des états d’âme contradictoires[1]. » Donc, les types d’abstraction représentent un squelette ; les types d’imagination rêvent une œuvre organique, vivante. Comment vouloir, après cela, imposer aux artistes des idées abstraites ? Comment vouloir, avant qu’ils prennent le pinceau, la plume, leur donner une définition de l’art, de la poésie, de la musique ? Ne demandons pas aux artistes de penser comme nous ; inquiétons-nous plutôt de ce qu’ils ont pensé eux-mêmes et entrons
- ↑ Th. Ribot, ouv. cité, p. 153.