IV
Revenons à Tolstoï et tâchons de résumer ses idéei sur Tart. L’apôtre de lastiaïa-Poliana ne nie pa« Tart^ il constate seulement l’appauvrissement d( l’art actuel, il considère l’art de notre temps comm< engagé dans une fausse voie ; il veut que l’art soitj accessible à tout le monde, qu’il soit un organe moral de la vie humaine, qu’il devienne un moyen de perfectionnement moral pour l’humanité, qu’il aide à réaliser dans le monde l’amour, l’union et le bon- , heur. « La destination de l’art est de transporter du domaine de la raison dans celui du sentiment^ cette ivérité : le bonheur des hommes consiste dans leur wnîon*. » J’accepte ces idées, — tout en défendant la liberté artistique de l’artiste, c’est-à-dire son moi, car j’estime que la liberté individuelle, artistique ou sociale, n’est pas le but, mais seulement un moyen nécessaire, que la liberté de l’individu n’est qu’une première phase de la civilisation, que la liberté de l’artiste de garder son iwoz n’est qu’un moyen de pro- duire des œuvres fortes et durables et de servir, par là, les hommes, et que le but suprême de l’artiste, comme de tout membre de la société, est Vunité du genre humain. D’ailleurs, soyons sans crainte. L’ar- tiste, tout en ne visant qu’à faire œuvre d’art, tra- vaille non pour lui, mais pour tous. Plus son œuvre est sincère et personnelle, plus elle pénètre les esprits,
(1) Qu’est-ce que Vart ? p. 267.