Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/52

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Tolstoï a donné à ses enfants une éducation d’après les théories de Rousseau et basée sur une liberté absolue ; toute punition en était bannie. Convaincu que le principe d’indépendance dans l’éducation n’est appliqué qu’en Angleterre il en fit venir des bonnes et des gouvernantes. Tous les enfants de Tolstoï sont très instruits et parlent plusieurs langues étrangères. Tous n’admettent pas ses idées.

L’une de ses filles, Mlle Tatiana Lvovna, lui sert de secrétaire et est l’une de ses plus ferventes disciples. Elle fait aussi de la peinture et de la musique et se livre souvent aux travaux des champs.

L’influence d’une vie de famille heureuse détourna Tolstoï de toute recherche du sens général de la vie. Toute sa vie en ce temps-là se concentra sur sa famille, sur sa femme, sur ses enfants. Mais la pensée du maître travaillait toujours : le travail de la pensée fait toujours ressortir les clartés de la conscience. Même dans cette période de la vie de Tolstoï, nous constatons un grand contraste entre son apparence extérieure et son activité morale.

D’après les Souvenirs de son beau-père, M. Berce, Tolstoï était toujours gai à cette époque ; il montait à cheval, chassait, aimait à jouer au croquet, et, c’est au milieu de cette vie « calme et paisible », qu’il se passionne des théories de Schopenhauer. Le 30 août (vieux style) 1869 il écrit à Fête : « J’éprouve une admiration sans bornes pour Schopenhauer ; il me procure des plaisirs moraux que je méconnaissais jusqu’à présent. J’ignore si jamais je changerai mon opinion, mais aujourd’hui je suis convaincu que Schopenhauer est un grand génie. Je ne puis pas