Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/64

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sentiment, parce qu’elle ne provenait pas du mouve ment des idées, elle leur était même directement contraire, elle sortait du cœur.

Tolstoï comprenait avec Kant, qu’il était impos sible de prouver l’existence de Dieu. « Je cherchais Dieu quand même. »

« Un jour de printemps, nous raconte-t-il, j’étais seul dans la forêt, prêtant l’oreille à ses bruits mys térieux. J’écoutais, et ma pensée se reportait comme toujours à ce qui l’occupait sans cesse depuis long temps : la recherche de Dieu.

— C’est bien, il n’y a aucun Dieu qui ne soit une abstraction au lieu d’être une réalité comme l’est toute ma vie. Mais l’idée de Dieu dont je suis en quête ; d’où est donc née cette idée ? L’existence de cette idée de Dieu ne prouve — t— elle pas l’existence de Dieu même ? Et de nouveau s’élevèrent en moi, avec cette pensée, des aspirations joyeuses vers la vie ; tout en moi s’éveilla, reçut un sens.

L’esprit, cependant, continuait son travail.

— L’idée de Dieu n’est pas Dieu. L’idée est ce qui se passe en moi ; l’idée de Dieu est un senti ment que je puis réveiller ou non en moi. Ce n’est pas ce que je cherche. Et de nouveau, tout com mença à mourir autour de moi et en moi et je vou lus de nouveau me tuer. Qu’est-ce donc que ces sen timents si opposés ? Je ne vis pas lorsque je perds la foi. Je ne vis véritablement que lorsque je cherche Dieu.

— Et bien ! Vis, cherche Dieu : Vivre, c’est cher cher Dieu ; la recherche de Dieu, c’est la vie !

Dès lors, mieux que jamais, tout s’éclaira en moi et