Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à se faire soi-même des bottes, à travailler de ses mains. Il renonça à ses biens, devînt végétarien, cessa de boire du vin, de fumer ; il commença une vie nouvelle, fondée sur le Travail et l’Amour.

IV

Depuis, Tolstoï ne quitte plus Iasnaïa-Poliana. Il aide beaucoup les paysans, non plus par l’argent, mais par le travail : il les aide à construire et à réparer leurs habitations, à labourer la terre, etc. Les paysans l’aiment beaucoup, ils viennent souvent de très loin pour demander son conseil sur les affaires, sur le « comment vivre ». Et Tolstoï leur explique sa théorie de l’Amour et du Travail et comment il faut ne pas résister au mal par le mal.

Pendant la terrible famine et le choléra dont tout le monde se souvient, la noble conduite de Tolstoï réveilla l’opinion publique. Aidé par plusieurs membres de sa famille, il organisa partout des réfectoires, il porta des secours aux malades et aux affamés, et les soigna avec un dévouement évangélique.

En dépit de sa vie laborieuse, en dépit de son travail manuel, il n’a pas abandonné la plume. « Le penseur, l’écrivain est celui qui, ne voulût-il ni penser, ni exprimer ce qu’il sent dans l’âme, ne peut point s’en empêcher sous l’impulsion de deux forces insurmontables : la poussée intérieure et le besoin des hommes[1]. »

  1. Pensées de Tolstoï, p. 120.