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DEUXIÈME PARTIE


CHAPITRE PREMIER


TOLSTOÏ ROMANCIER

Lorsque Tolstoï publia, en 1832, dans le Sovremennik son Enfance, puis, en 1855, ses Souvenirs de Sébastopol et la Coupe du bois, le poète Nekrassov, directeur de cette revue, lui écrivit « : Je ne peux assez vous dire à quelle hauteur je place votre travail et, en général, les tendances de votre talent et toutes les qualités qui le rendent si vigoureux et si original. C’est justement ce qu’il faut actuellement à la société russe : la vérité, la vérité dont il reste si peu de chose dans notre littérature depuis la mort de Gogol. Vous avez raison d’apprécier surtout dans votre talent cet amour de la vérité. Je ne connais pas aujourd’hui d’écrivain qui se fasse aimer aussi chaleureusement que celui à qui j’écris en ce moment, et je n’ai qu’une crainte, c’est que le temps et les misères de la réalité ne fassent de vous ce qu’elles ont fait de la plupart d’entre nous, tuant l’énergie sans laquelle il n’y a pas d’écrivains, en tout cas, pas comme il nous en faut actuellement en Russie. Vous