Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/296

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Je frissonne ; la nuit est fraîche, et la forêt toute mouillée. Pourquoi m’as-tu conduite ici  ? mon grand lit n’est-il pas plus doux que cette mousse semée de pierres  ?

Ma robe à fleurs aura des taches de verdure ; mes cheveux seront mêlés de brindilles ; mon coude, regarde mon coude, comme il est déjà souillé de terre humide.

Autrefois pourtant, je suivais dans les bois celui… Ah ! laisse-moi quelque temps. Je suis triste, ce soir. Laisse-moi, sans parler, la main sur les yeux.

En vérité, ne peux-tu attendre ! sommes-nous des bêtes brutes pour nous prendre ainsi ! Laisse-moi. Tu n’ouvriras ni mes genoux ni mes lèvres. Mes yeux mêmes, de peur de pleurer, se ferment.