Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/10

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ment au milieu de la pluie et du brouillard, placés entre un ciel gris et des lames énormes, et je supportai fort mal ce commencement de traversée. Le dimanche, qui était le septième jour après notre départ, j’essayai de sortir sur le pont ; nous longions toujours les côtes de l’Angleterre, et je pus encore apercevoir le phare du cap Lizard ; mes yeux fixaient avec peine cette lumière qui est le guide et l’espoir du voyageur en mer.

Après avoir bravement passé la Manche, nous atteignîmes les régions tropicales, et je ne me lassais point d’admirer la pureté du ciel et la splendeur de ses couchers de soleil, dont ni plumes ni pinceaux ne peuvent rendre l’imposante beauté. Un mois s’était passé, lorsqu’un jour, en plein midi et par un soleil ardent, quand l’espérance se lisait sur tous les visages, nous entendîmes un roulement semblable au bruit du tonnerre ; la mer était calme, on ne voyait pas un nuage au ciel, aucun navire en vue. Aussitôt, tout le monde fut sur le pont ; le même bruit continuait et chacun se regardait avec effroi ; le second, monté dans les haubans avec sa longue-vue, cria « Rochers ! un banc de rochers ! — Vire de bord ! » ré-