Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/9

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toilette, les spectacles… le sommeil tranquille… l’intérieur de famille ; que sais-je ? enfin, tout ce qui fait aimer la vie. Mais pendant cinq mois au moins rien qu’un hamac pour lit, pour plafond le ciel, pour plancher la mer ; pas d’autre musique que le bruit des vagues et le chant rude des matelots. Nous allons chercher fortune ; que trouverons-nous ?

J’avais en perspective une rude et longue traversée : au premier vacillement du navire mon cœur se serra. Mille pensées diverses me traversaient l’esprit : c’était l’espoir et le regret qui combattaient en moi. Je m’accoudais sur le bastingage, et pour adieu à la France, comme dernier témoignage d’affection aux amis que nous laissions, et qui nous suivaient des yeux, j’agitais mon mouchoir, et je voyais peu à peu disparaître la jetée, puis la côte d’Ingouville avec ses maisons en amphithéâtre, Sainte-Adresse, devenue célèbre, grâce à Alphonse Karr, puis le cap la Hève, et ensuite plus rien que l’immensité.

Le passage du golfe de Gascogne (en plein pot au noir, comme disent les marins) ne s’effectua pas sans quelque danger pour nous. Nous voguions constam-