Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/104

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aucune résistance, ils se mirent à nous considérer avec une joie sauvage. Deux de ces bandits s’élancèrent hors de l’entrepont et firent signe avec des gestes brusques qu’il fallait les suivre. Plus morte que vive, j’étais restée blottie derrière un ballot ; je vis du coin de l’œil mes compagnons remonter un à un, je voulais m’avancer comme eux, mais j’étais foudroyée d’épouvante. Quand le dernier eut disparu, que je me vis sur le point d’être seule avec ces monstres, ces assassins, une frayeur plus forte que le courage s’empara de moi, je me raidis par un effort suprême, et je m’avançai à mon tour. Alors à ma robe, à ma coiffure, ils reconnurent que j’étais une femme ; une exclamation de surprise éclata parmi eux, une joie horrible se peignait sur leur physionomie ; j’envisageai le lieu où j’étais comme une tombe béante : il me semblait déjà sentir les griffes de ces démons. À ce moment ce n’était plus du courage, de l’énergie, c’était du délire. Je m’élançai vers l’ouverture, et j’élevai les bras en l’air, en recommandant mon âme à Dieu. Au même instant, je me sentis saisir et entraîner, j’étais hors de l’entreponts.

Arrivée là, je fus entourée d’une foule de pi-