Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/106

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dunette ; là, je retrouvai mes compagnons de captivité déjà enchaînés et je m’assis auprès d’eux comme on me l’indiquait.

La mer était encore houleuse ; de gros nuages noirs, dernières menaces de la tempête, couraient ça et là dans le ciel et allaient se confondre dans l’horizon ténébreux ; il s’élevait du sein des flots une brume épaisse qui nous enveloppait du froid le plus glacial ; le pauvre Caldera, ainsi désemparé, capturé, ressemblait à un ponton en révolte. Il régnait parmi nous un silence de mort, qu’interrompaient parfois les gémissements du matelot qui avait été atteint par la chute du mât de misaine. Ces poignantes émotions avaient tellement troublé mon esprit, que mille idées confuses se pressaient dans ma tête ; j’éprouvais l’envie de pleurer, et mes yeux restaient secs. Je promenais sur chacun des captifs des regards désolés. Cette communauté de malheurs m’attachait à eux ; je redoutais qu’on ne vint à m’en séparer.

Pendant ce temps-là, les pirates, qui pouvaient être au nombre de cent, couraient en tous sens dans le navire, se livrant au pillage. Quelques-uns s’ap-