Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/114

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pensa qu’ils allaient décider de notre sort ; nous nous assîmes, dans un morne silence, sur les ballots de marchandises ; mais elles étaient en si grand nombre dans cet endroit que nous trouvâmes bien juste à nous caser. Peu après, plusieurs de ces pirates apparurent pour nous surveiller. Ils frappaient à chaque instant et sans motif, à coup de plat de sabre, les matelots. Je me serrais tout effarée contre le capitaine, lequel pouvait bien peu pour soutenir mon courage. Ces misérables regardaient les poignets de chacun, et une joie sauvage brillait dans leurs yeux en voyant la meurtrissure qu’avaient marquée les liens. Ils faisaient sans cesse tournoyer leurs sabres autour de nos têtes. Un mouvement se fit sur le pont ils se retirèrent, nous laissant seuls, mais ils avaient eu le soin de boucher hermétiquement le panneau, de sorte que non-seulement nous étions plongés dans d’épaisses ténèbres, mais encore nous étouffions faute d’air. Ce supplice dura environ une heure. Au bout de ce temps, une voix amie parvint jusqu’à nos oreilles c’était celle de Than-Sing qu’on avait séparé de nous. Il ouvrit ce panneau qui pesait sur nos têtes, et les rayons d’un soleil ardent vinrent bientôt inonder la