Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/141

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jusqu’alors nous avait été propice, soufflait maintenant en sens contraire et venait debout. La mer, comme si elle s’opposait à nos projets, fouettait contre le Caldera, ses vagues, qui semblaient autant, de barrières impossibles à franchir. Le capitaine, à ces signes de mauvais augure, hochait encore la tête ; mais notre décision était irrévocable. On procéda à l’embarquement ; il était difficile d’atteindre la chaloupe ; le navire tirant beaucoup moins d’eau par suite de la prise de son chargement, s’était haussé, de sorte qu’il existait une distance énorme entre le pont et le canot. Aussi fallut-il avoir recours à des cordes avec lesquelles on nous lia, le matelot blessé et moi, afin de nous faire descendre sans accidents ; les autres, ayant l’habitude des manœuvres, se laissèrent glisser le long du bord, et bientôt nous nous trouvâmes réunis au nombre de vingt-deux, prêts à gagner la pleine mer.

Le capitaine se mit à la barre ; le subrécargue, le marchand chinois, le matelot malade et moi, nous nous assîmes près de lui. Comme nous avions vent debout, il fallut renoncer à hisser la voile ; dès les premiers coups de rames, les matelots s’aperçurent