Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/177

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naient sur le pont d’un air joyeux ; ils s’occupaient à partager entre eux les dépouilles des infortunés qu’ils avaient pillés la veille. À ce spectacle hideux, mes yeux ne se détournèrent pas, mon cœur n’éprouva pas la moindre émotion. J’avouerai à ma honte que j’étais tout entière au contentement égoïste que je ressentais de ne plus être enfermée.

Je me reposais sur un petit escabeau que l’on m’avait offert.

Ce gibier de potence levait de temps à autre les yeux sur moi, si ce n’était l’un, c’était l’autre qui me regardait, mais, non plus, d’une manière sardonique ou menaçante il y avait, si je puis m’exprimer ainsi, dans leur joie, dans leurs évolutions, presque de l’enfantillage. Ils se plaisaient à me montrer différents objets qui leur passaient par les mains, comme font les enfants à une poupée, qu’ils veulent amuser. La lâcheté est si grande chez les Chinois, que la moindre bravoure leur en impose je ne veux pas dire ici que j’ai été brave, car je perdrais le charme naturel qui appartient à la femme ; ce que je veux dire, c’est que mon attitude, désespérée sans aucun doute, mais ferme au milieu d’eux, enlevait à