Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/187

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taire, en me disant bien bas : « Ils s’en vont ! » Puis il écoutait de nouveau.

Je ne comprenais absolument rien à ce disait ce pauvre homme, quand tout à coup il s’écria, avec un sentiment qui exprimait la joie et la peur en même temps « Ils s’en vont ! vous dis-je, c’est un steamer — Un steamer ? » répétai-je d’un air stupide. Je crus un moment que mon compagnon devenait fou et je le regardai, avec une véritable peur, mais, me calmant aussitôt je me contentai de hausser les épaules avec pitié. Je lui en voulais de réveiller en moi une espérance depuis longtemps abandonnée, parce qu’elle me semblait irréalisable ; aussi je lui tournai le dos avec humeur. « Un steamer ! » me disais-je en moi-même. Mais, à peine avais-je eu le temps de faire quelques réflexions, qu’il me toucha l’épaule, et qu’il me dit encore : « C’est un steamer ! les pirates ont vu un steamer, ils se sauvent dans la montagne ! »

Je le regardai cette fois en face. Mes idées commençaient à s’embrouiller. Il m’était impossible de donner un sens à tout ce que je lui entendais dire. « Vous vous trompez, lui dis-je ; si nos ennemis