Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/189

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« Et pourquoi s’en iraient-ils ? lui disais-je. — À cause du steamer, me répondait-il. — Mais je vous dis que cela n’en est pas un. — Si, je vous assure que je ne vous trompe pas. — D’abord, il n’y a pas de fumée vous voyez bien que c’est un navire. — Cela ne fait rien ; les pirates s’en vont. Écoutez. » Le silence se faisait en effet autour de nous, car l’on n’entendait plus que par intervalle, un murmure de voix qui allait toujours s’éloignant. Pourtant, les pas d’un homme se faisaient encore entendre. J’élevai les bras en l’air pour soulever le panneau ; je voulais voir mais Than-Sing me retint, jugeant plus prudent, en cette circonstance, de nous faire oublier. Au même instant, le panneau fut ouvert avec précipitation, et une figure aux traits bouleversés apparut à nos yeux. C’était le cuisinier du bord, que l’alerte répandue parmi l’équipage forçait d’abandonner ses utiles fonctions. Il parla en gesticulant, et avec une volubilité de paroles que l’émotion entrecoupait. Il disait à Than-Sing (je l’ai su depuis) « N’ayez pas peur… vous allez être sauvés… c’est un steamer… » Il était resté le dernier ; mais le sentiment de la conservation l’emporta sur le désir qu’il pouvait éprouver de converser plus long-