Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/19

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nous berçait plus, mais nous secouait ; alors plus de broderie, plus de loto, plus de chant : nous subissions tous les inconvénients d’un voyage maritime. On ne voyait que des visages jaunes, terreux, renfrognés ; on n’entendait que plaintes et gémissements nous ne courions alors nul danger, mais nous subissions deux fléaux cruels le mal de mer et l’ennui. Enfin, nous l’aperçûmes ce cap tout couvert de glaces, et malgré moi, je pensais aux sinistres prédictions faites depuis le départ ; mais, à mon grand étonnement, plus nous en approchions et plus la mer devenait calme ; nous eûmes même un calme plat. Nous restâmes quarante-huit heures sans bouger de place. Mais, hélas, c’était le précurseur d’une tempête des plus violentes. Les vents soufflent avec une telle impétuosité dans ces parages qu’en un moment la mer souleva des vagues plus hautes que des montagnes, et ces flots écumants battaient sans merci de tous côtés à la fois les flancs de notre fragile goëlette. Ce passage fut des plus terribles ! Le capitaine, dès le début fit carguer précipitamment les voiles. Dans cette manœuvre, un jeune matelot, monté sur la grande vergue, fut em-