Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/195

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moi, et je tombai sur mes genoux, en criant, dans un paroxysme violent de frayeur : « Than-Sing ! ils viennent pour nous tuer ! Nous allons mourir !!! » Mais à peine avais-je proféré ces cris de désespoir, qu’une rage subite plus forte que la douleur s’empara de moi. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, je m’étais dit : « Puisque mon malheur est à son comble, puisque je suis abandonnée de Dieu, puisqu’il faut que je meure, en bien je veux qu’ils me voient, qu’ils me tuent bien en face ! » C’en était trop, je m’élançai à la même place où j’étais quelques moments auparavant. Mes yeux étaient secs et ardents : de la main droite, je saisis ma casquette et je l’agitai en l’air avec frénésie. Oh ! alors, surprise ! surprise inouïe ! Au lieu d’un nouveau feu, des hourras formidables et prolongés parviennent à mes oreilles. Ce cri, partant des canots est répétés par trois fois différentes, ce n’était pas un rêve cette fois, il me révéla que nos sauveurs étaient des Anglais ; tous les hommes d’équipage se découvraient et agitaient leurs chapeaux en signe de salut ; j’étais reconnue, j’étais sauvée !