Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/66

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culation qui devait mettre notre voyage à profit ; nous devions nous arrêter en Chine, et là faire une pacotille de tous objets propres à revendre à notre retour. J’hésitai longtemps à entreprendre cette longue traversée, lorsqu’une catastrophe, trop fréquente à San-Francisco, vint me décider entièrement. Le feu se déclara une belle nuit dans la maison voisine de celle que j’habitais avec ma sœur ; l’incendie prit en un instant de telles proportions, qu’il ne fallut songer qu’à se sauver. Réveillées en sursaut, nous n’eûmes que le temps de nous habiller à la hâte et de jeter pêle-mêle des vêtements et des valeurs dans des malles qu’on faisait ensuite passer par les fenêtres. Enfin, l’intensité du feu devint telle, qu’il nous fallut descendre les escaliers quatre à quatre sans même prendre le temps de nous chausser. Nous n’étions pas à vingt pas que le corps de logis, construit en bois, s’embrasa et s’abîma en moins de dix minutes. Trois heures plus tard, on comptait cinquante-deux maisons détruites de fond en comble. Ce feu nous emportait plus de quatre mille piastres. Aucune des marchandises de notre store n’avait pu être sauvée.