Aller au contenu

Page:Lozeau - Le Miroir des jours.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
LE MIROIR DES JOURS


PRODIGALITÉ


 
J’ai dispersé mon cœur au gré des heures folles,
Comme un millionnaire éparpille son or ;
Ici, là, sans compter, j’ai semé mon trésor
Avec des gestes vrais et de tendres paroles.

Tout s’est anéanti pour de vaines Idoles ;
J’ai trop donné de moi pour qu’il en reste encor.
Que de beaux sentiments dont je me sentais fort
Gisent à leurs pieds purs, qui foulent des corolles !

Et je n’ai rien reçu d’elles, qui prirent tout !
Fastueux comme un roi, prodigue comme un fou,
Je ne croyais jamais épuiser ma richesse !

Et maintenant, voulant reprendre un peu mon bien, ―
Car le vide est amer et lourd que mon cœur laisse, ―
Avec regret, je cherche et ne retrouve rien !