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Page:Luce de Lancival, Œuvres, tome 1, 1826.djvu/144

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ACHILLE A SCYROS,

« Je tremble de laisser soupçonner ma tendresse !
« Rougis, lâche, rougis ! Aux pieds d’une maîtresse
« Quand les dieux soupiraient, les dieux étaient heureux ;
« Dans ta faiblesse au moins modèle-toi sur eux,
« Et fais sur la beauté l’essai de la victoire.
« S’il faut que, plus long-temps infidèle à la gloire,
« Ton courage captif sommeille en ce séjour,
« Vierge encore pour Mars, sois homme pour l’amour.
Il dit, et, l’œil en feu, cherche Déidamie :
Sous l’ombrage d’un myrte il la trouve endormie,
S’élance dans ses bras… « Quels transports furieux !
« Chère compagne… » En vain elle invoque les dieux :
Les vœux, les cris, les pleurs, la fuite est inutile :
Sa compagne est un homme, et cet homme est Achille !
Tout la trahit. Ses sœurs, à son cri virginal,
Croyant de nouveaux jeux entendre le signal,
De leurs lits de gazon en désordre s’élancent :
Déjà leurs bras unis en cercle se balancent.
Et leur superbe chef, plus beau de son bonheur,
Dans le groupe joyeux reparaît en vainqueur.
Mais il avait d’abord consolé sa victime,
Par ces mots, doux garans d’un feu plus légitime :
« C’est moi, sèche tes pleurs, pardonne à ton époux,
« C’est le fils de Thétis qui tombe à tes genoux ;