Page:Luchaire - Inauguration de l’Institut Français de Florence.djvu/16

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désirons que leur action s'étende, qu'il se fasse autour d'elles un rayonnement de l'intelligence attirant par la sympathie, éclairant par la science et montrant à tous ce que sont, en notre pays, entre ceux qui enseignent et ceux qui apprennent, les liens des études communes. Les Universités avaient été longtemps enfermées et comme embaumées dans des règles administratives qui les privaient de toute action. Lorsqu'il y a douze ans, de vrais libéraux résolurent de les affranchir en les dotant de la personnalité civile, ils entrevoyaient pour elles une : ère indéfinie d'action féconde se mouvant et se développant en pleine spontanéité.

« L'inauguration à laquelle nous assistons aujourd'hui n'est-elle pas une de ces manifestations de vie que les amis de l'Université appelaient dé leurs vœux ? N'est-ce pas l'éclatante justification de toutes leurs espérances ?

« En même temps que le corps des professeurs prenait conscience de ses forces, s'ouvrait devant les Académies Un nouveau champ d'action. Se souvenant des correspondances prodigieuses qu'entretenaient les grands savants depuis le dix-septième siècle, voyant se multiplier de nos jours les Congrès scientifiques, elles nouèrent entre elles des relations directes, formèrent une vaste Association qui embrasse, avec toutes les Académies d'Europe, celles de l'Amérique et du Japon, fixèrent des rendez-vous de la science universelle, se soumirent pour régler leurs rapports à la primauté de Tune d'entre elles, et je peux d'autant moins l'oublier ici que, Tan dernier, à Vienne, nous avons été unanimes à décerner pour trois ans cette maîtrise à l'Académie des Lincei qui préside l'Association internationale des Académies en attendant que la session de 1910 nous ramène tous autour d'elle dans la ville de Rome.

« Ainsi se manifeste aujourd'hui, comme dans le passé le plus lointain, cet attrait qui, dans le mouvement des esprits, a porté les hommes du Nord vers le ciel enchanté de l'Italie, attrait emporté et violent chez les barbares, qui, du fond de leurs brumes, flairaient le vent tiède de la Méditerranée; attrait vers la beauté, à l'heure où l'homme, plus civilisé, commençait à en sentir le charme. Quelle plus merveilleuse histoire que celle de la Renaissance, se faisant sentir partout dès le milieu du quinzième siècle, renouvelant l'architecture de vos villes, puis atteignant sa perfection sur les bords de l'Arno et laissant à tout jamais à la ville de Florence la primauté qui