Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/100

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société, comme entre la liberté et le sacrifice. » Or je n’hésite pas à mettre le sacrifice au-dessus de la liberté.

Malgré ces bonnes raisons, ou, du moins, malgré ces raisons que je crois bonnes, s’il m’était donné de passer à l’application, je conserverais parmi les forêts celles qui avoisinent les grandes villes comme Paris. Napoléon conserva la Trappe pour les grandes infortunes. Par un motif analogue, et, ce me semble, plus large, il est à souhaiter que nos belles forêts des environs de Paris, celle de Fontainebleau surtout, demeurent éternellement debout près de cette seconde ville éternelle. C’est qu’il y a des jours où ce Paris est pire qu’une Thébaïde pour les âmes fatiguées ; c’est qu’il y a des instants où nous sommes tellement épuisés des sollicitations de la vie factice, qu’il faut à tout prix aller respirer l’air et le silence des bois, comme des poitrinaires boivent du lait d’ànesse. Et puis, nous avons nos savants, nos poètes, nos peintres, nos musiciens, nos amants, à qui ces bois sont nécessaires. Cela me paraît plus universel et plus humain que de conserver la Trappe à quelques mystiques infortunes.

Ajouterai-je que, pour un petit nombre d’âmes robustes et saines, les grands aspects de la nature sont un perpétuel memento qui ramène l’homme au profond, au social sentiment de l’égalité ?

HIPPOLYTK CASTILLE