Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/103

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Fontainebleau ! un de ces arbres qui font dire au jeune homme : Et moi aussi je suis peintre ! Ils sont pau » vres, ils sont inquiets ; — la pauvreté et l’inquiétude, ces deux fléaux qui peuvent ruiner les plus grands peuples. — Mais ne les plaignez pas, l’art et la poésie apportent avec eux des consolations infinies !

Ce qu’ils demandent à l’heure présente, et ce qu’ils ont demandé à toutes les heures de leur vie, c’est que leur asile soit entouré de respect, c’est que leurs retraites ne soient pas livrées à la ruine. Ils admirent les vieux palais, les vieilles maisons, les antiques cathédrales, les ruines, tout le passé ami de la couleur

et du drame respectez l’objet de leur culte ! Ils

aiment d’un amour infini les grands paysages : ne défaites pas leur fortune ; ils ont choisi, pour le rendezvous de leur inspiration, les plus vieux arbres des plus

vieilles forêts ! Par grâce et par pitié, n’appelez pas

la hache et la cognée afin de déraciner et de détruire ces vieilles écorces, l’objet innocent de leur amour.

Voilà tout ce qu’ils demandent et tout ce qu’ils veulent ! Ils ont adopté la forêt de Fontainebleau comme un rendez-vous sacré cher au peintre, au poëte, au botaniste, au rêveur, et, les mains jointes, ils prient et supplient que tout au moins un petit coin de la vaste forêt soit respecté du bûcheron impitoyable. Hélas ! on a déraciné la mare aux Evées, ce beau lieu digne de Claude Lorrain lui-même ; on a ruiné la vallée de la Solle, autrefois le rendez-vous des grandes chasses pittoresques,