Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/106

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paysages tout à leur aise, et dites-leur qu’ils recevront ma visite au premier jour. » — Voilà comment fut sauvé le Bas-Bréau, et comment parlait ce bon prince ; et comme on lui représentait que cette coupe d’arbres inutiles et arrivés à leur croissance devait rapporter un demi-million, tout autant : « On trouvera de l’argent autre part, disait-il ; respectons le Bas-Bréaul » C’est qu’aussi ils s’entendaient si bien, ce vieux roi et ces vieux chênes, frappés des mêmes tempêtes, exIiosés aux mêmes foudres ! Têtes chauves et vigoureuses ! Nobles racines attachées au sol français !

Fontainebleau ! Laissez-nous Fontainebleau, ou tout au moins la partie la plus aimée e.t la plus féconde ! Respectez les arbres qui nous ont vus naître ! Épargnez les modèles ! épargnez l’école ! Attendez au moins, s’il le faut absolument, et si ces beaux arbres sont destinés à la mort violente, attendez que nous soyons morts !

Ainsi se lamentent, ainsi prient et supplient, les mains jointes, tant d’artistes excellents, l’honneur du paysage moderne, restés fidèles à la France, à ses paysages, à ses aspects, à ses eaux, à son ciel, à ses arbres, à ses gazons, à cette grande, forte et sérieuse nature, qui a fondé parmi nous une si grande école de paysagistes ! En même temps, aux artistes, leurs frères, se joignent les poètes, les fantaisistes, les vagabonds, les pauvres diables, les amoureux, les voyageurs du train de plaisir ! Toucher à ces merveilles de là-bas, y songez-vous ? Jeter au feu ces ombrages et ces mystères, quelle faute !