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FONTAINEBLEAU.

se dessinent à l’œil, et peuvent à loisir se rattacher au tableau principal ou s’en isoler, comme dans ces merveilleux chefs-d’œuvre épiques où l’abondance des épisodes apporte de la variété sans répandre de la confusion dans la grandeur et dans la simplicité de l’ensemble. Peu de sites offrent en effet autant de variété, et surtout dans un espace aussi restreint, car le plateau se développe sur une superficie de moins de quatre hectares. De dix pas en dix pas, l’aspect se métamorphose comme par un brusque changement à vue, et, d’une heure à l’autre, suivant l’élévation ou la déclinaison du soleil, le tableau se modifie, dans son ensemble et dans ses accidents, comme une toile dioramique exposée successivement aux différents jeux de la lumière. Toutes les écoles de paysage peuvent rencontrer là des sujets d’étude. À ceux qui aiment les gras pâturages normands, où les troupeaux se noient jusqu’au poitrail dans les hautes vagues d’une herbe odorante et douce, que la brise fait houler comme une onde, le plateau offrira le dormoir où viennent les vaches de Marlotte. À ceux qui préfèrent les lointains lumineux baignés de vapeurs violettes ou dorées, et les collines aux croupes boisées, et les vallons creux d’où s’élève un brouillard bleu, le plateau échancrera par un côté son cadre de verdure, et, par une brusque échappée, après les premiers plans de la forêt, océan de cimes éternellement agité comme une mer de flots, déroulera les plaines tranquilles qui s’enfuient vers la Brie, et