Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/138

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bonne, pleine de naïveté, qui prit de la vie le côté contemplatif, et en supporta vaillamment les aspérités. Mais le vulgus lie comprendra jamais les intraduisibles voluptés que l’art prodigue à ceux qui font vœu d’être siens. Lantara, en arrivant à Paris, était venu se loger dans un misérable galetas, situé rue du Chantre. Il avait tellement puisé, dans sa liaison familière avec la forêt de Fontainebleau des habitudes de liberté, que dans le reste de sa vie il lui fut impossible de s’asservir à toute espèce de contrainte. Son talent avait été entrevu et deviné par quelques rares personnes, sa vie excentrique les avait étonnées. Un grand seigneur, M. du Caylus, résolut de le tirer de la misère. Lantara se laissa faire naïvement. Rien logé, bien nourri, bien vêtu, il fut mis à même de se livrer au travail sans souci des préoccupations matérielles. Il ne put supporter ce bienêtre inaccoutumé. Ses habitudes de bohème, mot qui n’était pas encore usité dans le sens que nous lui donnons aujourd’hui, reprirent le dessus ; il dit adieu au. grand seigneur et revint dans son grenier de la rue du Chantre reprendre sa douce paresse et sa liberté, vivant au jourle jour, attendant son pain quotidien du Dieu qui nourrit les petits des oiseaux.

Placé volontairement en dehors de la vie officielle, il réussissait rarement à vivre de son travail. Outre sa paresse invétérée, sa grande naïveté y contribuait singulièrement, naïveté pleine de bonhomie, mais qui n’était pas exempte, cependant, d’une certaine dose de