Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/146

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elles jouent, elles dansent comme des nymphes, aux sons d’un orchestre invisible qui chante, avec les brises du soir, une belle symphonje inédite. Oui, voilà bien tous les génies familiers de la forêt, qui reparaissent au-dessus de leur grande tombe. J’ai reconnu mes glorieux fantômes, mes revenants illustres, que la lumière des étoiles couronnait d’une douce auréole ! On m’appelle un Chasseur d’ombres en riant, en se moquant de moi peut-être, parce qu’il me plaît de guetter, d’attendre ou de poursuivre à travers la forêt ces images mystérieuses, ces apparitions charmantes, ces voyageurs qui arrivent desi loin, ces absents qui reviennent de la mort, ces vivants d’autrefois qui sortent un instant de leur tombeau et de leur histoire ! Venez vite ; nous chasserons ensemble… La chasse aux ombres ! Je trouverai peut-être le fantôme que je cherche et que j’appelle en pleurant ; je ne vous l’ai pas dit encore… Mais voilà deux ans que je me désole à l’attendre ! 11 y a donc des ingrats et des infidèles dans la mort comme dans la vie ! »

III

Pierre Marcou ne se sentait pas de joie, un soir de la semaine dernière, en me recevant dans sa jolie maisonnette, en me montrant ses livres, ses médailles, ses