Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« A seize ans, mademoiselle Marie de Laborde était une personne charmante, et Maclou Gérard était, sans contredit, un jeune homme plein d’esprit, un jeune homme vraiment distingué : le paysan avait cédé la place ;’i un lils di1 famille bien élevé ; Maclou savait parler lu grec et le latin beaucoup mieux que le curé du village lui-même ; il connaissait la peinture et la musique ; il dansait aussi bien que danseur du monde, et il tournait les vers badins à la manière des poètes d’autrefois.

« M. de Laborde devina, un peu tard, la faute qu’il avait commise en élevant si haut un pauvre diable, et il essaya de réparer sa sottise avec une sottise nouvelle, qui avait quelque chose d’étrange et de passablement odieux… — L’amour mutuel des deux enfants n’était plus un mystère pour personne ; déjà les commères donnaient à mademoiselle Marie le nom et le litre do madame Maclou Gérard ; le magister, le médecin, le bedeau, le percepteur, tous les esprits forts de l’endroit, s’amusaient à marier, de confiance et par anticipation, la fille d’un opulent propriétaire avec le fils d’un misérable fermier ; hélas ! ces bonnes gens allaient trop vite : leurs secrètes pensées, leurs sympathies, leurs espérances, avaient compté sans la fortune, sans l’injustice et sans l’orgueil de M. de Laborde !

« Au lieu de sourire et de tendre la main à son élève, à son ami, à son protégé, M. de Laborde. se prit à crier, à jurer, à tempêter contre Maclou Gérard ; il lui