Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« — Vous me reconnaissez donc ? lui demanda vivement mademoiselle de Laborde ; eh bien, tantmieux !… car je viens vous voir, vous parler et vous sauver, entendez-vous’!… Mais d’abord, viens ça, près de moi… que je t’embrasse et que je te gronde ! Je t’embrasserai parce que je t’aime, et je te gronderai parce que je te déteste !…

« — Pourquoi ? répondit Gérard à voix basse et en se laissant embrasser.

« —, 1e vais te le dire : l’autre jour, je m’étais égarée ; j’avais tant couru que j’arrivai, sans m’en apercevoir, sur la limite de la forêt ; bientôt j’aperçus un jeune homme au beau milieu d’une prairie, de ce côté du village : autour de lui, sur sa tète, à ses pieds, partout, voltigeaient des oiseaux qui n’avaient point peur et qui chantaient ! J’appelai aussitôt : « Maclou ! Ma clou ! » Mais l’ingrat me regarda sans mot dire ; les oiseaux s’envolèrent, et il disparut avec eux !…

« — C’est vrai !…

« — Écoute-moi bien, ami ; tu ne sais pas ?… l’on veut me marier ! Oui. l’on veut m’obliger à devenir la femme d’un grand seigneur que j’ai vu deux ou trois l’ois seulement dans les réunions de la ville ; c’est un homme très-poli, très-empressé, très-galant ; il me regarde, il me salue et m’admire ; il m’adresse à chaque instant des flatteries qu’il appelle des éloges ; il medit qu’il m’aime, qu’il m’adore, qu’il se meurt d’amour pour moi… enfin, c’est un homme tout à fait ridicule,