Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/196

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car dans la nature les hommes sont fort heureusement les seulsêtres qui ne puissent pas s’entendre, sansdoute parce qu’ils ont l’art de parler et d’écrire ! Les plus petits incidents de cet univers en raccourci de la vie animale et végétale vous émeuvent, vous captivent à ce point que vous laisseriez descendre sur le bois les voiles gris du cfépuscule, si un mirage du paradis terrestre ne venait vous ressusciter à l’humanité.

Regardez ! c’est la transfiguration d’Adam et d’Eve avant la chute. Le plaisir essaime ses roses rouges sur leur visage, le ciel est dans leur cœur, les fleurs et les feuilles sous leurs pieds. Ils marchent enlacéset souples comme deux lianes, ponctuant leurs jeux et leur conversation d’amour par des baisers mignons ou retentissants, selon l’exigence de la phrase. H faut bien parler français, même dans les bois ! Suivons-les. Ils s’arrêtent pour inscrire sur l’écorce du bouleau le serment de mutuelle adoration…. Mais la femme fait une ingénieuse réflexion. Ève est toujours ingénieuse ! Le bouleau prend nouvelle peau tous les ans, et c’est à peine si un écolier saurait lire son nom l’année prochaine. Et bien vite de courir à se rompre le cou aux rochers de Franchard, car j’ai oublié, ma foi, lapsus calatni ! de vous indiquer le décor de l’article, la forêt de Fontainebleau. Cette fois ils gravent sur la pierre le terrible serment de fidélité ; ils prennent le ciel, l’eau, les arbres, les rochers, les oiseaux, les fleurs, à témoin de l’éternité de leur flamme ! Quel spectacle ! L’homme,