Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/202

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vigoureuses racines au sol natal. Comme la double bifurcation d’un arbre, elles se réunissent à peu de distance de terre pour offrir un large point d’appui au corps robuste et sain du bonhomme. Oh ! je ne crains pas que cette épithète l’offense ; la bonhomie sent son terroir gaulois. C’était la grande qualité française. Demandez au bonhomme la Fontaine.

L’Amant de la forêt n’offre pas au physionomiste de grands problèmes à résoudre. C’est une tête calme el simple et reposée comme la nature. La douceur du ciel bleu est au fond de ce regard observateur et timide ; la bienveillance égaye d’un sourire les coins de cette bouche ouverte aux bonnes paroles. Le front est large, à plans unis. Quelques rides légères, comme de petites ondes sur un lac tranquille, courent d’une tempe à l’autre ; mais ce n’est pas l’orage des passions qui les a fait bouillonner. Dans la tranquille existence que mène cette âme éprise de verdure et de fleurs, il n’y a pas de place pour les mauvais instincts. Tout au plus le spectacle de la méchanceté lui arrache-t-il quelques plaintes vite réprimées. Hélas ! il n’y a plus de déserts où l’homme de bonne foi puisse se retirer. J’ai trouvé un cottage dans chacun des flots épars au milieu des lacs de Killarney, qui jadis servirent d’asile aux saint Dunstan, aux saint Columban, à tous les pieux cénobites de Yîle des saints. Là où s’élevait la prière, on entend aujourd’hui le piano !

Il y a vingt ou vingt-cinq années, Y Amant de la forêt