Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/204

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la forêt le prenait et l’accaparait. Elle lui rendit mille joies en échange de sa tendresse et de son or ; car il fallut que le modique avoir du soldat, cette obole amassée avec tant de patience et de courage, vînt s’engloutir, comme une pierre, dans l’abîme où l’entraînait la charmeresse. L’Amant de la forêt devint presque son entreteneur. Qu’importe ! est-ce que l’amour ne vit pas seulement de sacrifices 1 Le jour où le phénix ne se brûla plus sur le bûcher, ce ne fut plus le phénix, ce fût le canard de la mythologie. Mais au moins cet or servit à parer la forêt, à la rendre attrayante aux yeux les plus indifférents, et lui, comme il était heureux chaque fois qu’il adressait un nouvel hommage à la préférée !…

Un jour, on ne sait pas pourquoi, VAmant de la forêt, pris de je ne sais quelle manie voyageuse, fit mine de vouloir s’éloigner. Ce jour-là, on vit se renouveler le prodige qui signala la mort de Daphnis : « Les lauriers eux-mêmes le pleurèrent ; ils le pleurèrent aussi, les myrtes, le Ménale couvert de pins, et les pierres du glacial Lycœus le pleurèrent également. » La forêt ne voulait plusse consoler, parce que son amoureux n’était plus là. Mais un beau jour on le vit revenir plus vite qu’il n’était parti, plus épris que jamais ; et les bûcherons commencèrent à se raconter une histoire pareille à celles qui se murmurent dans le Hartz, à la lueur d’un feu de tourbe et de bruyère sèche :

EnPoméranie, un garçon saunier avait une femme