Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/219

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Que de fois, dans ma jeunesse, n’ai-je pas été arrêté dans mon chemin par les cactus ou les épines entrelacées des forêts d’outre-mer. Que de fois n’ai-je point trouvé les grands bois barricadés par les lianes ou noyés dans de hautes herbes qui devaient recéler mille reptiles venimeux.

A peine redescendu des hauteurs, je travèrsai une route ; une porte venait de s’ouvrir, je passai de la forêt dans le parc.

Le soleil perçait la fouillée, ses rameaux d’or glissaient parmi les brouillards d’argent qui tourbillonnaient au-dessus du canal ; les coqs du village voisin sonnaient la diane, les petits oiseaux commençaient à gazouiller, et les hirondelles, chargées de la police de l’air, s’en allaient criant aux paresseux : « Alerte, voici le jour ! »

Le coq est le clairon qui, le premier, chante le réveille-matin. Aux hirondelles est dévolu le soin de répéter le signal ; mais c’est le soir surtout qu’elles redoublent de zèle pour annoncer la retraite. Leurs cris sont d’abord assez rares ; de loin en loin elles s’appellent, elles se répondent, ce n’est encore qu’un prélude. Mais, à mesure que le soleil baisse, leur vol, leurs cris, se précipitent ; elles se croisent, elles échangent des mots d’ordre et de ralliement ; leurs appels sont de plus en plus impérieux, elles montent, descendent, tournoient, inspectent les arbres, les édifices, les rochers, elles rasent la surface des eaux ; elles se multi