Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/22

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le feront bien mieux, elle était déserte comme avant les monarques. Les carriers, les gardes forestiers, les bûcherons, quelques braconniers, le chasseur de vipères et les paysagistes en avaient seuls effleuré les mystères ; les uns indifféremment et par état, les autres pour se choisir un site et ne s’en point distraire une fois choisi. La promenade s’y faisait par les routes à chariot et par les routes de chasse, mouvantes sablonnières où chaque kilomètre était un essoufflement ; véritable mort aux chevaux qui faisait dire aux rares visiteurs par les cochers, au bout de quatre ou cinq heures d’un tirage affreux : « Monsieur et Madame ont vu tout ce qu’on peut voir… et puis les bêtes n’en peuvent plus ! »

Notre ami ne voulut point prendre des chemins si vulgaires. L’état de son esprit le portait d’ailleurs à fuir la rencontre des hommes. Il se perdit au hasard, en plein bouleversement, au fort des rochers infranchis ; se désignant un point, par caprice, comme un but à la flèche du sauvage, et marchant d’instinct pour l’atteindre, au milieu de dangers inconnus où, devant lui, n’avait passé personne, sinon peut-être quelque chien dépisté dans les grandes chasses. De cette façon il arrivait, montant et descendant à l’aventure, tantôt au fond d’un val plein d’amoureuses ténèbres et de senteurs étranges, tantôt