Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/256

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W…, apportant son amour et son dévouement aux pieds de celui qui avait daigné l’aimer une heure. Ce n’était pas au souverain, même déchu, mais à l’homme, qu’elle voulait donner une aussi belle part de consolation. Elle accourait du fond de la Pologne, et avait fait trois cents lieues en quelques jours avec la résolution de s’élever, par tous les sacrifices, à la hauteur d’une pareille infortune. Berthier l’avait trouvée affaissée sur les coussins de sa voiture par les fatigues du voyage ; il avait été obligé de la soulever pour l’aider à descendre. A peine son pied venait-il de toucher la terre, qu’elle se précipitait, avec une énergie pleine de fièvre, vers le grand escalier du château, écartant de sa belle main les gardes nombreux qui lui barraient le passage, « t demandant d’une voix impérieuse : L’Empereur ! Berthier avait fini par la joindre, et, prenant pitié de sa douleur, il avait ouvert devant-elle une double porte. A peine l’eut-elle franchie qu’elle recula sur le seuil, tout effarée devant l’image de celui qu’elle venait y chercher. L’Empereur l’avait reconnue d’un œil sec, et n’avait dit que ces mots d’une voix brève et impatiente : c Allons, Berthier ! voyons, qu’est-ce ?… Veuillez faire attendre madame la comtesse… Impossible de la recevoir en ce moment…— Impossible !… répétait la comtesse W… comme égarée dans un rêve ; impossible !… » Et elle récapitulait dans sa tête toutes.les choses impossibles qu’elle avait réalisées depuis huit jours pour arriver à temps à Fontainebleau. « Impossible ! répétait